Evolution de la conception

publié le 27 août 2008 (modifié le 1er septembre 2008)

Depuis quelques années, la conception des chantiers et leur attribution ont connu de profondes évolutions :

Les évolutions concernant la concurrence, les garanties, le développement durable et la sécurité sont décrites dans les articles correspondants.

On en évoque ici d’autres aspects :

  • l’énergie,
  • les matériaux,
  • la préfabrication,
  • les matériels et l’informatique embarquée.

L’énergie

Jusqu’au XVIIIe siècle, la seule énergie disponible sur les chantiers était celle des hommes et des bêtes (chevaux et boeufs), même si on savait aussi utiliser l’énergie hydraulique (chutes d’eau) et celle du vent (moulins). Puis l’apparition de la machine à vapeur a commencé à transformer la situation, permettant l’intervention de machines facilitant et amplifiant le travail de l’homme.

Il y a quelques décennies, la puissance aisément disponible sur les chantiers était de quelques CV.
Maintenant les puissances développées atteignent couramment plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de CV par machine, pouvant permettre le déplacement de masses de plusieurs milliers de tonnes.

Au-delà de la disposition d’engins bien plus puissants pour l’application des méthodes antérieures, cela a aussi bouleversé les méthodes de construction en permettant l’émergeance de nouvelles méthodes.

Cela permet par exemple la construction des ouvrages en dehors de leur emplacement définitif, puis leur poussage ou leur ripage en place, de nouvelles méthodes de fondation des ouvrages, ou encore la réalisation de tunneliers et de micro-tunneliers, qui ont révolutionné la réalisation des tunnels.

Les matériaux

Les matériaux traditionnels des travaux publics, béton, acier, bitume, ont connu de telles transformations qu’il ne s’agit quasiment plus des mêmes matériaux.

Pour le béton , l’apparition, grâce aux adjuvants, du béton autoplaçant permet la disparition les vibreurs, lourds et éprouvants à manier, ainsi qu’une très bonne qualité des parements. Les bétons fibrés et/ou à haute résistance ont permis de nouvelles audaces pour la conception des ouvrages.

D’un autre côté, la disparition progressive en France des possibilités d’utilisation des matériaux alluvionnaires modifie profondément les caractéristiques des granulats utilisés pour la fabrication du béton. Ces matériaux concassés, substitués aux matériaux roulés antérieurs, ont obligé à la mise au point de formulations très différentes.

Le développement des usines de béton prêt à l’emploi a aussi modifié la conception des chantiers et leur approvisionnement : plus besoin de silos de granulats et de ciment, ni de bétonnières, mais utilisation de "toupies" livrées au fil des besoins du chantier.

Pour l’ acier , les nouvelles performances obtenues ont aussi relancé la compétition pour des ouvrages toujours plus légers et plus élancés.

Pour le bitume , les recherches ont permis de développer les recyclage des enrobés et la réalisation de couches de roulement à température moins élevées, conduisant à de significatives économies d’énergie.

La mise en place d’usines de fabrication d’enrobés a aussi simplifié l’organisation des chantiers routiers, avec comme contrepartie la position locale dominante de l’entreprise propriétaire de la centrale, réduisant les possibilités de concurrence.

La préfabrication

Au fur et à mesure de la standardisation d’éléments et des possibilités de transport, la préfabrication s’est beaucoup développée.

Le béton prêt à l’emploi ou les usines d’enrobés sont évoqués ci-dessus.

On constate aussi le développement d’ateliers de préfabrication d’armatures, ou d’éléments en béton (regards, dalles, poutrelles, etc.). Il apparaît même la fabrication de petits ouvrages standardisés : dalots, petits passages inférieurs, etc.

Les matériels

Outre l’augmentation considérable de la puissance des engins, les matériels ont connu 2 autres révolutions considérables : les commandes hydrauliques haute pression et l’électronique embarquée.

Grâce en particulier à la société Poclain , la maîtrise de l’hydraulique haute pression a permis une transformation des commandes des engins, autrefois mécaniques, leur donnant une bien meilleure précision, une plus grande souplesse, en même temps que de plus grandes possibilités de transmission de puissance.

L’électronique embarquée, avec les ordinateurs de bord, a aussi permis de nombreuses transformations : détection d’incidents, télésurveillance, pilotage de mouvements, utilisation des systèmes GPS, télécommande.

Ces télécommandes sont par exemple utilisées de plus en plus couramment pour le pilotage des microtunneliers ou le règlage fin de la surface de plateformes.

Cela pourrait déboucher à terme sur une profonde modification du rôle des personnels sur le terrain, en allègeant leur présence dans des conditions physiques difficiles, au bénéfice de responsables installés sur la base du chantier ou même parfois au siège de l’entreprise.