Une digue éco-conçue à Cherbourg ?

publié le 20 janvier 2021 (modifié le 23 janvier 2021)

Des éléments d’infrastructure en bloc de béton capables d’intégrer la protection de la biodiversité sont prévus pour renforcer la digue de la rade à Cherbourg.

Il s’agit d’un projet franco-britannique "Marineff" (prévu pour durer quatre ans et qui s’achèvera en avril 2022) piloté par une équipe d’ingénieurs et de chercheurs en biologie de Caen. L’objectif est de créer à la fois des récifs artificiels et éléments d’infrastructures. Des blocs de béton ainsi conçus ont été immergés en septembre 2020 à Cherbourg (Cotentin) pour renforcer la digue de la rade.
Actuellement les scientifiques observent les interactions de ces blocs avec le milieu marin en conditions réelles. Tous les 2 mois, et pour tenir à jour un inventaire des espèces colonisant les différents modules, des plongeurs effectuent des relevés.

La vingtaine d’éléments qui sont à l’essai sont des blocs incorporant des matériaux répondant à des spécificités techniques, tout en favorisant la biodiversité. Pour la réalisation de ces blocs de "béton bioréceptif" faisant office de véritables rochers, le béton a été conçu par une équipe de l’ESITC (École supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction) de Caen. C’est ainsi que des granulats de béton réalisés à partir de coquillages ont été pensés pour stimuler le captage des larves d’huîtres.
Chaque anfractuosité des éléments est destinée à favoriser l’installation de la faune et de la flore marine. On y trouve :

  • des orifices circulaires pour que le homard puisse s’installer,
  • des trous carrés, de tailles différentes, qui doivent permettre le refuge des étrilles et des tourteaux,
  • des rainures qui sont réalisées pour les espèces qui cherchent l’ombre,
  • une surface rugueuse pour certains blocs qui doit favoriser la composition d’un biofilm permettant aux algues de se fixer,
  • ...

A Cherbourg et déjà en 2015, une première expérience a été menée avec des enrochements artificiels immergés d’un autre type. Cette expérimentation a permis aux chercheurs de prévoir les résultats de ce nouveau projet qui devraient améliorer la situation écologique des milieux d’au moins 15 %.

Les nouveaux blocs de "béton biomimétiques" pourraient servir d’éléments de digue ou de fondation pour des éoliennes en mer.