Une digue éco-conçue à Cherbourg ?
Des éléments d’infrastructure en bloc de béton capables d’intégrer la protection de la biodiversité sont prévus pour renforcer la digue de la rade à Cherbourg.
Il s’agit d’un projet franco-britannique "Marineff" (prévu pour durer quatre ans et qui s’achèvera en avril 2022) piloté par une équipe d’ingénieurs et de chercheurs en biologie de Caen. L’objectif est de créer à la fois des récifs artificiels et éléments d’infrastructures. Des blocs de béton ainsi conçus ont été immergés en septembre 2020 à Cherbourg (Cotentin) pour renforcer la digue de la rade.
Actuellement les scientifiques observent les interactions de ces blocs avec le milieu marin en conditions réelles. Tous les 2 mois, et pour tenir à jour un inventaire des espèces colonisant les différents modules, des plongeurs effectuent des relevés.
La vingtaine d’éléments qui sont à l’essai sont des blocs incorporant des matériaux répondant à des spécificités techniques, tout en favorisant la biodiversité. Pour la réalisation de ces blocs de "béton bioréceptif" faisant office de véritables rochers, le béton a été conçu par une équipe de l’ESITC (École supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction) de Caen. C’est ainsi que des granulats de béton réalisés à partir de coquillages ont été pensés pour stimuler le captage des larves d’huîtres.
Chaque anfractuosité des éléments est destinée à favoriser l’installation de la faune et de la flore marine. On y trouve :
- des orifices circulaires pour que le homard puisse s’installer,
- des trous carrés, de tailles différentes, qui doivent permettre le refuge des étrilles et des tourteaux,
- des rainures qui sont réalisées pour les espèces qui cherchent l’ombre,
- une surface rugueuse pour certains blocs qui doit favoriser la composition d’un biofilm permettant aux algues de se fixer,
- ...
A Cherbourg et déjà en 2015, une première expérience a été menée avec des enrochements artificiels immergés d’un autre type. Cette expérimentation a permis aux chercheurs de prévoir les résultats de ce nouveau projet qui devraient améliorer la situation écologique des milieux d’au moins 15 %.
Les nouveaux blocs de "béton biomimétiques" pourraient servir d’éléments de digue ou de fondation pour des éoliennes en mer.